lundi 27 juillet 2009

Parce qu’une pomme est une pomme

Il y a les arbres. Il y a les sentiers boueux. Les moustiques, le lac et ce gros chien, nono, qui nous accompagne dans nos promenades. Il y a Henri dans le kangourou, les feux de camp, les repas dehors à la chandelle. Et ce livre.

Traité de pédo-psychologie, l’essai tente de présenter la réalité vue par les enfants de 0 à 3 ans. Pour y parvenir, l’auteur a examiné, noté, filmé sa fille Athena et il laisse ici le résultat de ses observations. À cheval entre le récit et l’ouvrage scientifique, le texte est à la fois sensible et solide, vulgarisé et précis. De fait, l’auteur fait le va et vient entre les études et expériences publiées, ses expériences personnelles et des questionnements fondamentaux - le langage, la pensée - s’interrogeant sur le développement. À quel moment un enfant devient “intelligent”? Que comprend-il? Comment le comprend-il?

C’est un livre qui tombe bien. Qui, sans améliorer mes compétences parentales, me permet de mieux comprendre ce que vit mon garçon ou, à tout le moins, de regarder ses apprentissages d’un nouvel oeil.

Plus encore, il me ramène à des réflexions comparatistes ici bien concrètes. Je me mets à observer de quelle façon Henri, qui ne sait pas encore nommer une pomme une pomme, qui ne sait pas non plus que l’objet existe à l’extérieur de son champ de vision, se surprend chaque fois qu’il la voit, mais de moins en moins. Tranquillement, il associe la forme à la couleur et la couleur au goût. Bientôt, il anticipera sa saveur. L’objet deviendra une pomme. Et plus tard, il saura la nommer. Mais pour l’instant, sa pensée est multisensorielle, en marge du langage. Le langage lui permettra de transformer la pomme en concept, de la reconnaître dans un livre d’images. À le voir aller, je réalise l’importance du processus, son impact. 

mardi 14 juillet 2009

Du voyage

Depuis plus de trois millénaires, on voyage. Et on écrit. Les voyageurs laissent des traces de leur passage en racontant leurs expériences et en posant un regard sur ce qui les entoure. Déjà, en Égypte ancienne, les gens prospères voyageaient pour aller visiter les monuments de leur propre civilisation et en profitaient pour inscrire dans la pierre la preuve de leur passage. «Hadnakthe, scribe du trésor, a fait  une excursion pour se distraire à l’Ouest de Memphis, en compagnie de son frère, Panakhti» est ainsi gravé dans la roche depuis 1244 avant J.-C. (Taras GRESCOE.Un voyage parmi les touristes) Puis, en 484 avant J.-C., Hérodote devient le premier écrivain qui parvient à vivre comme auteur de récits de voyage. C’est dire que la pratique de l’écrit comme moyen de transmission des expériences date.

Comme autant de témoignages sur les endroits visités, ces écrits pavent la voie des futurs guides touristiques, récits de voyage et autres catalogues informatifs. Dès lors, la pratique du voyage et la pratique de l’écrit deviennent inséparables.

À voir le blogue de la cousine de ma mère et de sa famille, je ne peux m'empêcher de me surprendre de la facilité avec laquelle ils le prouvent, publiant presque quotidiennement leurs récits, vidéos, photos et autres liens vers wikipédia. Au point où j'ai souvent l'impression d'être avec eux. Pire, je me surprends parfois à penser qu'ils n'ont pas vraiment quitté le Québec, qu'ils sont encore à deux coins de rue de chez moi tant leur voyage est virtuel. Et pourtant, je prends plaisir à les suivre, trouvant dans ce voyage par procuration, des moments d'évasion.