Il y a les arbres. Il y a les sentiers boueux. Les moustiques, le lac et ce gros chien, nono, qui nous accompagne dans nos promenades. Il y a Henri dans le kangourou, les feux de camp, les repas dehors à la chandelle. Et ce livre.
Traité de pédo-psychologie, l’essai tente de présenter la réalité vue par les enfants de 0 à 3 ans. Pour y parvenir, l’auteur a examiné, noté, filmé sa fille Athena et il laisse ici le résultat de ses observations. À cheval entre le récit et l’ouvrage scientifique, le texte est à la fois sensible et solide, vulgarisé et précis. De fait, l’auteur fait le va et vient entre les études et expériences publiées, ses expériences personnelles et des questionnements fondamentaux - le langage, la pensée - s’interrogeant sur le développement. À quel moment un enfant devient “intelligent”? Que comprend-il? Comment le comprend-il?
C’est un livre qui tombe bien. Qui, sans améliorer mes compétences parentales, me permet de mieux comprendre ce que vit mon garçon ou, à tout le moins, de regarder ses apprentissages d’un nouvel oeil.
Plus encore, il me ramène à des réflexions comparatistes ici bien concrètes. Je me mets à observer de quelle façon Henri, qui ne sait pas encore nommer une pomme une pomme, qui ne sait pas non plus que l’objet existe à l’extérieur de son champ de vision, se surprend chaque fois qu’il la voit, mais de moins en moins. Tranquillement, il associe la forme à la couleur et la couleur au goût. Bientôt, il anticipera sa saveur. L’objet deviendra une pomme. Et plus tard, il saura la nommer. Mais pour l’instant, sa pensée est multisensorielle, en marge du langage. Le langage lui permettra de transformer la pomme en concept, de la reconnaître dans un livre d’images. À le voir aller, je réalise l’importance du processus, son impact.